Ce blog a pour but de raconter et de mettre en images le
convoyage du Class 40 de David Augeix « EDF Energies Nouvelles » de
Cap d’Agde à Québec en vue de la Transat Québec - St Malo qui partira le 22
juillet.
L’équipe de convoyage est composée de David, Renaud et Rémi
jusqu’au port espagnol de Benalmadena au sud de Malaga où j’ai remplacé David
jusqu’à Québec.
Vous y trouverez aussi quelques informations techniques
extraites du livre de bord rédigé pendant la traversée.
L’aventure commence le 31 mai de la gare de Nîmes à
Marignane puis avec l’avion jusqu’à Malaga.
Retrouver le bateau dans le port de Benalmadena n’a pas été
chose facile malgré le fait que ce soit le seul mat carbone du port.
Première nuit à bord après un repas dans un bistrot local.
Le matelas s’avère confortable.
Vendredi 1er juin :
Réveil tardif et petit déjeuner au bistrot du port où le
wifi nous permet de passer des coups de fils par linphone.
Rémi prend une météo que confirme David par mail et qui nous
permet d’envisager un départ le soir afin de passer le détroit de Gibraltar
dans de bonnes conditions de visibilité et de courant au petit matin. Les
courses de frais réalisées nous sommes en attente de la réception de la manette
de commande moteur chez le ship du coin.
16 h la pièce est reçue et à 18 h son montage est réalisé.
A 21 h 30 nous quittons le port de Benalmadena à basse mer.
Sortie prudente car très peu d’eau sous la quille. Loch au départ : 8943
m.
Samedi 2 juin :
Le vent se lève vers 2 h et monte progressivement pour
atteindre les 20 nœuds.
Un ris puis deux pour assurer
car en se rapprochant du rocher de nombreux cargos croisent.
Le vent nous porte vers Ceuta enclave espagnole au Maroc.
Nous devons tirer des bords contrariés par le courant assez fort dans le
détroit.
A la mi journée, nous rencontrons une flottille de bateaux
de pêche marocains assez loin des côtes.
Un peu après, nous touchons le vent prévu par les fichiers
grib. Nous ouvrons un peu les voiles et quittons le pré serré pour une allure
plus confortable. Par 10 nœuds de vent vrai nous marchons à 8 nœuds sur la
route.
Dimanche 3 juin :
Le vent est resté constant en direction et en force toute la
nuit pour prendre un peu de nord comme prévu en fin de nuit. A 5h TU nous
sommes par 34°58N et 7° 12W. Vent de 9 n au 345.
Le rythme de la vie à bord se prend doucement et les 3
périodes de sommeil de 3 h environ m’ont permis de récupérer de la fatigue du
premier jour. Le bateau marche à 9 n sous GV et génak.
Cela fait des heures que nous n’avons pas vu de bateau et
notre route est à l’ouest.
A 19 h TU vitesse de 10 n par 34°44N et 9° 57W.
Lundi 4 juin :
Cette nuit le vent est resté stable en direction mais pas en
force, ce qui nous a obligé à effectuer des changements de voile d’avant.
A 10 h TU 34°28N et 12°30W.
Ce matin, la mer est formée de face et un nouveau routage
nous permet d’envisager une route plus directe vers les Açores. L’océan est
toujours désespérément vide.
Nous venons de passer une bouée de pêcheurs qui dérivait et
sur laquelle est écrit le mot « Miracle ». A part cela rien à
signaler à part quelques oiseaux marins et le souffle d’un animal que nous
n’avons pas pu identifier.
Le bateau avance à 10 n par 15 n de vent, cap au 275. Nous
passerons dans quelques heures au nord de Madère.
A 20 h TU 34°35N et 14°21W.
Mardi 5 juin :
Le vent a baissé dans la nuit et nous atteignons la dorsale.
Nous sommes à 100 milles au nord de Madère. Un tanker qui va à Alexandrie passe
à 2 milles de nous.
A 19 h TU 34°17N et 17°28W
Nous avons passé la dorsale et retrouvé du vent du 300 qui
nous fait marcher à 8 nœuds sur la route prévue par le logiciel. Le routage
prévoit un virement de bord dans la nuit pour faire route au NW pendant une
centaine de milles avant de reprendre une route à l’W sur le 36° N. Le vent
doit alors tourner et s’orienter au SW.
Mercredi 6 juin :
A 9 h TU sommes par 35°02 N et 19°00 W. Route au pré serré
depuis la nuit. Le bateau tape et secoue assez fort.
Jeudi 7 juin :
A 14h TU 35°48 N et 22°56 W.
Si je n’ai pas beaucoup écrit hier et ce matin, c’est que
les conditions se sont durcies : vent et surtout mer de face très cassante
qui fait taper le bateau et nous donne l’impression d’être dans le tambour
d’une machine à laver avec le bruit en plus. Même la position horizontale n’est
pas confortable car il faut se tenir à cause des mouvements saccadés du bateau.
Dans ces conditions, aller au toilettes dans un seau s’avère
une épreuve compliquée de même que verser de l’eau dans un sachet lyophilisé.
Nous avons navigué toute la nuit au pré sous GV à 2 ris et
trinquette. Bref pas dormi. En matinée, les conditions se sont légèrement
adoucies et j’ai pu fermer un œil. Les 2 jeunes ont bien dormi, une habitude
que je n’ai pas.
A 20 h TU 35°45 N et 23°42 W
Nous marchons à 8 nœuds par 10
nœuds de vent et un virement est prévu dans la nuit pour faire route vers les
Açores.
A ce moment du récit, un point sur la vie à bord s’impose.
L’absence de terre depuis bientôt une semaine ne pose pas de
problème particulier même si je regarde l’ETA( estimation d’heure d’arrivée)
prévue pour samedi matin. Ce qui pèse le plus c’est de ne pas pouvoir sortir de
cet espace confiné et très inconfortable. Il n’y a pas de coussin à bord et
seulement deux bannettes pour trois dont une sous le vent. C’est plutôt
acrobatique de se coucher et dans le cas de la nuit dernière c’est sur le
plancher que j’ai essayé sans succès de dormir. Il aurait fallu être sanglé
pour ne pas être soulevé à chaque grosse vague, et cela a duré 24 heures. Les
mouvements du bateau sont saccadés et déstabilisants, rien à voir avec un
bateau de croisière, mais il faut dire que l’on va vite.
Rémi vient d’allumer le moteur pour ¾ d’heures. Même si on
avance à la voile, cela est nécessaire pour la charge des batteries. Le moteur
est très bruyant et pas isolé. Pour ce qui est du bruit, même sans moteur, le
bruit de l’eau est toujours présent.
Pour continuer sur le confort, les toilettes se limitent à
un seau que l’on utilise dehors ou dedans en fonction des conditions. C’est
toujours périlleux de le vider et de le rincer quand la mer est grosse.
Pour l’environnement, nous ne voyons pas grand chose, à part
quelques dauphins qui nous rendent visite et que nous entendons depuis
l’intérieur du bateau. Nous avons aussi vu une tortue.
Cela fait belle lurette que l’AIS (système de détection des
bateaux) ne nous signale plus de trace de civilisation, peut être en aurons nous
en nous approchant des Açores.
Pour rythmer la journée, les repas se constituent d’un petit
déjeuner assez classique, le thé chaud uniquement dans de bonnes conditions,
d’un déjeuner de jambon cru, fromage tomates et fruit frais, d’un goûter de
biscuits, d’un apéro sans alcool avec des cacahuètes et des olives, et d’un
repas à la nuit fait d’un lyophilisé. Le choix de plats est varié et c’est bon.
Je crois que les rations sont bien étudiées et équilibrées. Nous avons eu un
problème avec la bouilloire qui a nécessité une petite révision. Heureusement
il y en a une autre à bord. C’est quand même dangereux de voir se promener une
bouilloire pleine d’eau suspendue par deux bouts. Pour remplir le sachet de
lyophilisé sans se brûler, c’est une autre histoire. Je dois dire que je n’ai pas
l’expérience de Renaud et de Rémi.
L’arrêt aux Açores sera le bienvenu car nous allons achever
les derniers fruits qui se sont bien conservés ainsi que le pain. Bien sûr, il
n’y a pas de réfrigérateur.
Un autre moment rythme les journées. Grâce au standard C
nous pouvons communiquer avec David et Nany à terre. Les conseils météo que
l’on reçoit sont analysés et comparés avec les gribs que nous recevons. Je suis
impressionné par les connaissances de Rémi sur le sujet.
Quand les conditions le permettent, on peut envisager de se
laver dans le cockpit. Dans le cas contraire, on se contente d’une lingette
désinfectante.
Si dans la journée tout l’équipage est disponible, même en
cas de sieste, pour la nuit, nous avons organisé dès le départ des quarts de 1h1/2
ce qui nous laisse dormir 3 h quand les conditions le permettent. On peut
cependant être réveillé à toute heure pour une manœuvre.
Vendredi 8 juin :
12h TU 36°34N et 25°41W.
Nous sommes en approche de l’Archipel des Açores par le
travers de Vila do Porto à 30 milles environ puis Sao Miguel que nous
laisserons à droite.
Nous faisons route directe vers Faial et le port de Horta au
310 avec un vent au 260 pour 11 nœuds à la vitesse d’un peu plus de 8 nœuds.
Depuis ce matin, nous avons touché un vent plus régulier qui
devrait se renforcer dans l’après midi.
Samedi 9 juin :
A 11h TU, nous sommes en approche de Horta par 38°27N et
28°34W.
Toute la nuit nous avons eu un vent de 10 à 20 nœuds tantôt
adonnant, tantôt refusant mais nous permettant de faire route.
Depuis le petit matin, un épais brouillard recouvre la zone
de sorte que nous ne voyons pas la côte qui est à 2 milles de nous. Nous avons
du réseau téléphonique.
A 12 h nous sommes au quai à couple du bateau Copacabana de
Patrick, un breton sur le retour vers le continent. Le port est plein de
bateaux de passage.
Au loch, nous avons fait 1406 milles à un peu plus de 7
nœuds de moyenne.
Après avoir rempli les formalités douanières nous allons en
priorité prendre une douche chaude, les serviettes étant fournies puis nous
restaurer à la cantine locale.
Ensuite nous nous occupons d’achats divers pour le bateau et
des réparations nécessaires pour la suite du convoyage.
En soirée, l’incontournable repas chez Peter nous permet de
déguster sa morue avant 12 heures d’un sommeil réparateur.
Dimanche 10 juin :
Après un petit déjeuner à la cantine du port, nous partons
visiter la ville de Horta qui n’est pas bien grande. La végétation est d’un
vert qui laisse entendre qu’il pleut souvent sur les îles.
Le soleil du matin a laissé place à un épais brouillard qui
nous laisse entrevoir de temps en temps le sommet du cône volcanique de l’île
voisine de Pico. Il paraît qu’il y a toujours des nuages sur le pic. Nous
resterons trop peu pour le vérifier.
Les quais de Horta sont intégralement peints par les
équipages de passages afin de laisser une trace de leur visite ce qui donne une
touche de couleur à ces quais basaltiques.
Sur cette île, apparemment pas de touristes mais de nombreux
bateaux de passage de toutes nationalités avec beaucoup de français qui
rentrent des Antilles. Des gens
intéressants avec leurs lots d’histoires diverses à raconter. Tous sont étonnés
de voir un bateau de course faisant une route opposée à la leur.
L’un d’eux a traversé en solitaire depuis les Bermudes en 40
jours sur un Cognac de 7m30.
J’y ai aussi retrouvé le propriétaire d’un Pogo 10,50
rencontré en octobre dernier à Madère au cours de la mini transat. Après un hiver
sous le soleil des Antilles, il est sur le retour en attente d’un équipier.
Lundi 11 juin :
Départ de Horta sous un épais brouillard et donc une
visibilité très limitée.